Ikebukuro West Gate Park, Ishida Ira
Editions Philippe Picquier, 318 pages
Traduit du Japonais par Anne Bayard-Sakai
Dans le quartier d’Ikebukuro, Japon, un jeune de la rue qui arrêté l’école comme nombreux autres, Makoto, passe la plupart de son temps dans le Square Ouest d’Ikebukuro. On comprend vite que cet endroit n’est pas celui le plus calme de Tôkyô. Makoto est neutre entre les guerres de clans, il connaît bien la rue, et choisit bien ses contacts : il s’entend bien avec un officier de police, avec les chefs des gangs, et parvient même à rendre service à celui des Yakuzas. C’est pour cette raison que dès qu’un événement menace de perturber l’équilibre du quartier, on fait appel à lui. Il doit alors faire face à l’ « Etrangleur », un pervers qui a frappé déjà plusieurs fois, à un enlèvement chez les Yakuzas qui cache plus qu’il n’y paraît, il se retrouve à faire « garde du corps » rapproché d’un immigré clandestin, et enfin, la dernière partie qui clôt magnifiquement ce livre montre avec un style soutenu et un suspense croissant la naissance d’un nouveau gang qui plonge le quartier dans le danger permanent, assortie d’une reporter un peu particulière et attachante.
Quatre histoires différentes, reprenant les mêmes personnages – ou presque -, la même histoire de fond, mais jamais le même déroulement, le même raisonnement, pas une histoire ne se ressemble, pas de redondance ni de lassitude. Les histoires sont séparées mais se suivent et se recoupent.
Makoto est un personnage aux goûts et aux habitudes étranges (par exemple quand il prend l’habitude de réfléchir sur de la musique classique) pour un héros influent de « polar », mais je me suis très bien associée à lui, j’avais vraiment l’impression d’être lui et d’essayer de décider pour lui. On le suit dans son quotidien, on vit avec lui, et au fur et à mesure du livre, on le voit évoluer et tenter de changer les choses pour rendre son quartier plus vivable.
Moi qui ne suis pas vraiment polar, j’ai trouvé ce livre très prenant, accrochant, le rythme est soutenu et ne laisse jamais au lecteur le temps de s’ennuyer. Quand on referme le livre, on a l’impression de bien connaître la rue, les gens, les lois, les forces, alors qu’on n’en est en fait qu’un étranger (c’est ça la magie des livres, j’adore :D). Ishida Ira nous plonge au cœur d’un Japon dont on ne parle pas dans les magazines ou les guides touristiques, un Japon caché et violent, mais auquel on finit par s’attacher. Je suis sûre que si on me jetait dans Ikebukuro Ouest je saurais me retrouver :P !
Ikebukuro West Gate Park, la même histoire, le même héros en manga et en drama, mais aussi dans un tome 2 pour le plus grand plaisir des dévoreurs de livres !
"Il fait un temps magnifique. L'air bien sec glisse avec les rayons du soleil sur la peau. Température, trente-trois degrés. Je me rends seul au Square Ouest. Des cumulo-nimbus partent à l'assaut du ciel très haut au-dessus d'Ikebukuro. Des nuages à la traîne traversent en zigzaguant la façade réfléchissante du grand magasin Tôbu. Des girls courageuses tentent de faire exploser le taux d'exhibition de la peau nue. Des boys incorrigibles essaient tels des paons d'attirer l'attention des filles pour les emballer. Spectacle habituel d'un après-midi d'été à West Gate Park."