Le portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde
Titre original : The picture of Dorian Gray
Editions Penguin Classics
252 pages
Lu en anglais
Tout le monde connaît l’histoire de Dorian Gray, l’un des plus grands classiques anglais que je dois bien être la dernière à lire. Je ne vous apprendrai donc rien dans le résumé (et même que je pourrais vous raconter la fin sans même vous spoiler, pour une fois !) mais je me lance quand même.
J’ai cru avant de le lire, comme tout le monde se le disait, que c’était l’histoire d’un homme qui faisait peindre son portrait, et que celui-ci vieillissait à sa place, point.
Mais au fur et à mesure de ma lecture, j’ai découvert que « le portrait de Dorian Gray » c’était beaucoup, beaucoup plus que ça. A tous ceux qui croient comme moi je l’ai cru à cette brève description, jetez-vous vite sur le livre !!
Bien sûr le portrait vieillit à sa place, pour le dire simplement, mais pour le dire plus précisément, le « Dorian Gray » du portrait supporte à la place du vrai le poids de ses années, voit ses traits déformés par le temps et les expériences, et c’est partant de ce raisonnement-là que toute l’histoire et la profondeur du livre découlent.
Dorian Gray est un garçon dans la fleur de l’âge, il est jeune, beau, innocent, pur, naïf ; bref, l’homme parfait que tout le monde rêve de rencontrer. Lorsque le peintre Basil Hallward, séduit par sa beauté, commence à réaliser le portrait, Dorian rencontre Lord Henry, vieil ami de Basil, qui tombe lui aussi sous le charme. Dorian représente l’innocence parfaite, l’ignorance de la vie et Lord Henry veut alors s’empresser de lui faire découvrir le monde à sa façon. Toujours armé de ses pensées particulières et de ses points de vue subjectifs au possible et pas vraiment légitimes, il va influencer – volontairement ou non, mais en tous cas parfaitement inconscient des conséquences – le brave jeune homme en l’embobinant de ses belles paroles sur sa jeunesse qui disparaitrait bientôt (pour commencer seulement).
Face au portrait – le plus grand chef-d’œuvre de Basil – l’âme entachée de doutes qu’il ne se connaissait pas, Dorian va peu à peu se laisser ronger par la peur d’abord, l’anxiété, la panique, puis par l’amour, la fierté, la honte, l’indifférence, et quand il réalisera que son « lui » pictural porte sur son visage tous les signes révélateurs de la cruauté avant la vieillesse, il va se laisser emporter par la facilité, par l’envie, le plaisir, par la noirceur, la corruption la folie, toujours accompagné de son plus fidèle ami, Lord Henry et ses phrases philosophiques préfabriquées.
En somme, un roman magnifique sur le pouvoir de l’influence, de ses amis, de la propre considération de soi et de soi par les autres, sur la jeunesse et la beauté, le temps; c'est un roman parfois violent, parfois un peu lent, qui montre la plus phénoménale évolution psychologique que j’ai jamais lue jusque là. Ça a été vraiment une lecture forte, et riche en surprises.
J’espère ne pas en avoir trop dévoilé pour celles et ceux qui ne l’ont pas encore lu, mais je vous conseille en tous cas de vous dépêcher de le lire !!
"There is no such thing as a good influence, Mr Gray. All influence is immoral - immoral from the scientific point of view."
"Why?"
"Because to influence a person is to give him one's own soul. He does not think his natural thoughts, or burn with his natural passions. His virtues are not real to him. His sins, if there are such things as sins, are borrowed. He becomes an echo of some one else's music, an actor of a part that has not been written for him. The aim of life is sef-development. To realize one's nature perfectly - that is what each of us is here for. People are afraid of themselves, nowadays. They have forgotten the highest of all duties, the duty that one owes to one's self. Of course they are charitable. They feed the hungry, and clothe the beggar. But their own souls starve, and are naked. Courage has gone out of our race. Perhaps we never really had it. The terror of society, which is the basis of morals, the terror of God, which is the secret of religion - these are the two things that govern us. And yet -"
"Just turn you head a little more to the right, Dorian, like a good boy," said the painter, deep in his work, and conscious only that a look had come into the lad's face that he had never seen there before.
Lu dans le cadre du challenge English Classics, chez Karine :) !