Une éducation, Lynn Barber
Éditions Penguin, 182 pages.
Lu en anglais
Lynn Barber est une journaliste à la réputation de "démon" qui a interviewé de nombreuses stars pour les plus grands magazines anglais et américains. Ne comptez pas sur moi pour vous raconter son parcours professionnel, bien que je le connaisse maintenant bien. Si vous êtes intéressé(e), vous pouvez lire ses "mémoires", Une éducation, qui en parle : court et extrêmement facile à lire, très factuel et qui ne vous ennuiera pas par un trop-plein de sentiments.
Mais je ne vous le conseille pas.
Objectivement, je n'ai pas l'habitude de descendre un livre car je pars du principe que si un texte a été publié, c'est qu'il vaut la peine d'être lu (j'ai appris cette année dans ma formation que c'est largement plus que faux!), puis en général je ne lis que des livres que j'aime - manque de chance, cette lecture obligatoire n'a pas été des plus enrichissantes. Je n'ai de toute façon pas envie de dire du mal d'un livre.
Une éducation est donc drôle (si si, c'est vrai... Ce sont d'autres lecteurs qui le disent), et a pour point positif de montrer l'évolution d'une célèbre journaliste (5 British Press Awards) et de brosser un panorama réaliste d'une Angleterre dès la seconde moitié du XXème.
Le début, lorsqu'elle nous narre sa rencontre avec Simon, la quarantaine, alors qu'elle n'avait que seize ans, et comment il lui a menti, le livre s'est accroché à mes doigts je dois avouer. J'ai cru qu'il parlerait de la façon dont une jeune femme peut perdre son innocence et sa confiance en l'autre - et éventuellement de comment ça pourrait l'affecter dans sa vie future.
Lynn Barber, à Oxford
Subjectivement, je ne l'ai fini qu'hier, je n'ai donc pas du tout de recul sur ce livre et je ressors d'une grande frustration, alors je vais m'en donner à coeur joie, pour une fois.
Après ses années éducatives avec Simon et sa trahison, Lynn décide de s'ouvrir et de profiter de ses années à l'Université d'Oxford (par s'ouvrir, j'entends sexuellement, bien entendu). Mais en en sortant, le problème est qu'elle va rencontrer celui qui deviendra son futur mari et commencer sa carrière en tant que journaliste.
A partir de là, ce n'est qu'une série de faits, de "j'ai travaillé là où j'ai fait peur aux gens que j'interviewais, puis on m'a demandé chez Vanity Fair, puis j'ai gagné un award et j'ai publié un best-seller"... Bien sûr, j'exagère. A peine.
Une longue suite de pages égocentriques, donc, sans vraiment de lien avec le début, aucun du tout même avec le titre, qui se finissent sur la mort de son mari (oui je spoile, mais c'est pour vous éviter de faux espoirs et une attente longue de 50 pages), atteint par plusieurs maladies en même temps pour lesquelles les guérisons sont incompatibles. Bref, une horreur (je dois dire que j'ai quand même été triste pour lui) à laquelle s'ajoute le comportement hautement égoïste de Lynn, qui se cherche encore des excuses pour se sentir moins coupable. Je cherche encore où est l'éducation.
Alors, une image entretenue, ces mémoires ? Que du faux, que des morceaux choisis ? Peut-être, mais la bonne volonté n'est tout de même pas au rendez-vous.
Moi qui aime pourtant les autobiographies, même celle déconstruite de Sartre (article à venir), celle-là m'a littéralement trahie dans mon attente et profondément déçue. C'est une vie sans introspection ni commentaires subjectifs, pas de remise en question ou de compassion, haine ou regrets par rapport à elle-même, pas d'investissement sentimental, que du factuel, écrit dans un style froid, journalistique. Pas non plus d'ouverture au monde où n'importe qui pourrait se reconnaître, non, simplement elle, juste elle en tant que personne réelle et non romancée.
ça passe ou ça casse. Pour moi, ça a cassé. Mais ce n'est qu'un avis personnel... ça vous plaira peut-être à vous !
Pas d'extrait pour le coup, mais la bande-annonce de l'adaptation, qui semble bien meilleure que le livre, pour une fois !