L'Ancre de Miséricorde, Pierre Mac Orlan
Editions Phébus, 251 pages
L’ancre de miséricorde est la dernière ancre, le dernier espoir que l’on jette à la mer quand toutes les autres ont lâché...
Petit Morgat (Yves-Marie) vit avec son père et Marianne dans la boutique L’Ancre de Corail, située rue de Siam à Brest. On est en 1770 et le commerce maritime bat son plein, tout comme les batailles navales et la piraterie.
L’appel de la mer et de l’aventure se fait grandissant chez Petit Morgat, alors quand Jean de la Sorgue le charge d’une sortie nocturne pour un échange d’informations, il n’hésite pas bien longtemps. Ce vieux bagnard et talentueux sculpteur qu’est Jean de la Sorgue (Petit Morgat tient toute sa collection de figurines sur l’étagère de sa chambre), lui confie que Petit Radet serait de retour dans les environs, et qu’il pourrait être sa chance de s’évader, lui pauvre innocent emprisonné par la faute de ce pirate ! On dit de Petit Radet que c’est un forban, un danger, mais personne ne sait vraiment à quoi il ressemble ni où il est. Ce qui est sûr, c’est qu’il répand la terreur tout autour de lui.
Jean est le seul à avoir vu son visage, et en échange de la complicité de Petit Morgat, il lui donnera la statuette le représentant.
Malheureusement, les choses ne tourneront pas exactement comme prévu et Petit Morgat va se retrouver embarqué dans la grande et dangereuse aventure de la ville finalement malgré lui et il vivra une expérience qui le changera à jamais.
Sa route sera semée d’embûches, de fuites, de personnes louches, de navires inconnus, de meurtres même, mais surtout d’un grand mystère : Qui est Petit Radet ? Où se cache-t-il ? Quels sont ses plans ?...
Petit Morgat cherchera ces réponses tout au long du roman, en s’entourant de différents personnages comme Nicolas de Bricheny, M. Burns, Manon, le Pillawer... dont les rôles seront déterminants pour l’avancée de son enquête.
Bien que sans surprises ni grand suspense, ce roman est bien sympathique et agréable à lire. Le style est simple, un peu ancien et presque enfantin, mais il nous transporte dans l’imaginaire dès les premiers mots. Le vocabulaire employé est souvent vieux, parfois trop, me forçant à m’interrompre pour satisfaire ma curiosité, mais il contribue extrêmement bien au contexte et à l’ambiance de l’histoire.
L’enquête est bien menée, rythmée… Y’a pas à dire, c’est une belle histoire d’aventure, de dangers et de pirates comme on n’en trouve plus !
Il posa sa main familièrement sur mon épaule et dit tout en souriant : "Tout ceci est de l'aventure, Petit Morgat, de la belle aventure dorée, sous le soleil de Caracas, comme tu le penses trop souvent... Mais cette belle aventure aboutit quelques fois au quai des Exécutions ou au gibet de Savannah. Je fus un jour témoin de ce divertissement patibulaire et j'en ai gardé un souvenir profitable.
- Oh ! monsieur Burns, dis-je. Il y a aventure et aventure...
- Ecoute notre ami, répondit mon père. C'est un homme qui possède la sagesse et l'expérience. Sers le roi avec honneur et gagne l'estime de tous ceux qui t'approcheront. Il n'est besoin pour atteindre ce but que de courage et de dignité. L'aventure est belle dans les livres; dans la réalité ce n'est qu'un mirage dangereux.
- Yves-Marie rencontrerait l'aventure dans un bouquet d'anémones, dit Nicolas de Bricheny, qui venait d'achever son dessin.